Quand, pour la dernière fois, avez-vous entendu quelqu’un parler de brûler l’huile de minuit ? Bien sûr, l’expression est archaïque. Elle fait référence à la vie avant l’électricité, quand les gens utilisaient de l’huile à brûler pour avoir de la lumière, mais ce n’est pas pour ça qu’elle n’est plus à la mode.
Aujourd’hui, il est plus commun d’entendre parler des personnes qui passent une nuit blanche. Aller au lit tard est si répandu que ce n’est même plus intéressant d’en parler.
Le changement subtil dans les habitudes de sommeil a d’abord été engendré par la lumière artificielle. Avant l’électricité, il était commun que les gens aillent généralement au lit avec le soleil. Ils se réveillaient alors de leur premier sommeil au milieu de la nuit et prenaient part à des activités reposantes dans un environnement presque noir, avec pas plus qu’une bougie ou une lampe à huile pour lumière. Après environ une heure de veille calme, ils retournaient alors au lit et dormaient jusqu’au matin.
Revenons à aujourd’hui. Beaucoup de personnes restent debout jusqu’à minuit ou plus tard. On a même une expression pour eux : les oiseaux de nuit.
Une série de recherches récentes est sortie pour soutenir les oiseaux de nuit. Les médias rapportent que se coucher tard et se réveiller tard dans la matinée est un signe de créativité et d’intelligence. Il semble que notre culture a développé un certain respect pour ceux qui restent debout longtemps après le coucher du soleil. Bien sûr, la corrélation n’est pas une causalité. Des études ont aussi fait le lien entre intelligence et mauvaise santé mentale et troubles psychologiques. Bien que n’étant volontairement pas rapporté dans les médias, un lien entre couche-tard et maladies mentales a aussi été identifié.
Une nouvelle étude donne même davantage de raisons d’être alarmé par notre tendance à rester éveillé tard sous les lumières artificielles. Une équipe de chercheurs aux Pays-Bas a exposé un groupe de souris à de la lumière artificielle constante durant 24 semaines. Ils voulaient voir si cette exposition mènerait à des perturbations sur la santé. Et en effet, ce fut le cas.
Comparé aux souris exposées à des temps de luminosité et d’obscurité normaux, le groupe de souris laissé sous la lumière est devenu fragile. Leurs os ont commencé à se détériorer. Elles ont aussi montré des inflammations habituellement associées avec des maladies. De manière plus positive, ces symptômes ont cessé quand les souris sont revenues à des horaires normaux.
Ce n’est pas la première étude qui identifie la lumière durant la nuit comme un risque pour la santé. Le Dr. Richard Stevens a construit sa carrière sur la recherche des risques sur la santé associés avec l’exposition à la lumière artificielle. Il pense que nos habitudes emplies de lumières sont plus nocives que nous le pensons. « Nous n’en sommes pas sûrs, mais il y a de plus en plus de preuves sur les implications à long terme de l’exposition à la lumière, pouvant engendrer le cancer du sein, l’obésité, le diabète et la dépression, et possiblement d’autres cancers. »
Au début des années 90, un groupe de participants en bonne santé a vécu dans l’obscurité pour les besoins d’une étude. Les scientifiques les ont enfermés dans une pièce sombre pendant 14 heures chaque jour afin d’étudier comment le corps humain réagissait à des conditions de luminosité naturelle. Les sujets ont dormi 17 heures chaque nuit pendant des semaines. Dr. Thomas Wehir, qui a conduit la recherche, pense qu’ils rattrapaient leur sommeil. La plupart des personnes modernes manquent chroniquement de sommeil.
Après trois semaines, les participants ont commencé à dormir de la même manière que les gens le faisaient avant l’électricité. Ils dormaient en deux fois, avec une période de veille calme entre les deux.
Ce qui est peut-être plus intéressant que ce qui s’est passé durant l’étude, c’est ce que ces participants ont rapporté ressentir au Dr. Wehir. « Les participants disaient parfois qu’ils ressentaient une sorte de conscience on ne peut plus claire quand ils étaient éveillés et que cela ne leur était pas familier. Et ça m’a fait me demander si quelqu’un parmi nous sait ce que c’est d’être éveillé – complètement éveillé. »
La solution n’a pas besoin d’être draconienne. Pas besoin de vous enfermer dans une pièce sombre pendant 14 heures chaque jour. Selon le Dr. Stevens, choisir des sources de lumières plus positives pour le cycle circadien est un super début. Quand vous en avez la chance, lisez un livre le soir plutôt qu’un e-book. Vous n’avez pas besoin d’aller au lit à 20h, mais pensez à diminuer la lumière et à utiliser une ampoule incandescente.
De petits changements peuvent faire une grande différence.
— Erin Wildermuth