Vous avez entendu parler du fait que l’arrosage de pelouse met en péril (littéralement) nos réserves d’eau potable, mais vous êtes-vous déjà demandé à quel point votre jardin est une menace pour l’environnement ?
C’est un concept difficile à appréhender : pour la plupart d’entre nous, entretenir un petit potager ou un carré de fleurs colorées est l’expression même de la protection de la nature. Après tout, on ne dit pas sans raison que les jardiniers ont « la main verte ».
Néanmoins, croyez-le ou non, la façon dont vous vous occupez de votre jardin peut aussi bien réduire qu’améliorer la situation écologique défaillante de notre planète. Si vous avez l’intention de jouer votre rôle dans sa sauvegarde en réduisant votre empreinte carbone, vous devez faire attention à certains avertissements que vous lance votre jardin. Voici cinq raisons pour lesquelles votre jardin pourrait ne pas être durable.
1. Vous utilisez des fertilisants industriels
Il est aisé de prétendre que les fertilisants bon marché que vous achetez chez votre fournisseur habituel ne contiennent rien de dangereux pour la nature : après tout, son emballage n’est-il pas décoré de magnifiques photos de plantes verdoyantes et sols sains ? Il n’en reste pas moins que, à défaut d’indications contraires, la plupart des fertilisants et des engrais pour plantes sont presque entièrement composés de produits chimiques qui peuvent s’accumuler dans votre terre, s’infiltrer dans l’environnement à chaque pluie ou à chaque arrosage de votre jardin et, finalement… être absorbé dans les légumes que vous cultivez !
Donc, à moins que vous ne vouliez consommer des produits chimiques ou du poison, il est temps de chercher à utiliser des engrais naturels. Heureusement, ils ne sont pas très difficiles à trouver. Le fumier de cheval ou de mouton que vous pouvez vous procurer à la ferme voisine, les pelures de bananes, le marc de café (si possible bio), les coquilles d’œufs, les déjections de vers qui traînent sur votre pelouse… La liste est longue ! C’est évident: la meilleure approche consiste à produire votre propre compost (nous en reparlerons plus tard). Mais, si cela vous est impossible, demandez déjà à votre magasin de jardinage préféré un engrais ou un fertilisant naturel et non artificiel.
2. Vous labourez votre jardin
Le labourage expose le sol à la multiplication de graines de plantes invasives.
Attention : labourer ou retourner votre terre n’est en réalité pas bon pour votre jardin ni pour la nature ! Nous, les jardiniers, nous passons des années à composer un terreau riche, bien noir, le plus parfait possible, où pousseront nos plus beaux légumes et nos plus magnifiques plantes ornementales. Puis, chaque hiver, nous arrachons nos plantes annuelles mourantes ou mortes, laissons la terre inexploitée pendant quelques mois et puis, pour d’étranges raisons, retournons notre terrain d’un bout à l’autre au début du printemps.
Les gens semblent croire qu’il s’agit d’un processus nécessaire qui permet d’aérer le sol et de favoriser la pousse des plantes, mais en fait, il détruit complètement les propriétés positives de la terre saine que vous avez mis si longtemps à obtenir ! Le labourage expose également le sol à la multiplication de graines de plantes invasives, et, en réalité, rend plus difficile la croissance de vos propres plants.
Laissez votre sol tranquille et, tout simplement, paillez les plantes mortes ou mourantes in situ pour le protéger.
3. Vous utilisez un désherbant industriel
Ceci est une évidence pour les jardiniers bios, mais ce n’est pas toujours le cas pour la majorité des jardiniers amateurs. On pourrait croire que la plupart des désherbants artificiels tels que le Roundup sont inoffensifs quand, en réalité, ils peuvent créer une bioaccumulation dans notre environnement et qu’ils présentent des effets toxiques chez les mammifères… y compris les humains !
Débarrassez-vous de ces désherbants artificiels et arrachez donc ces mauvaises herbes à la main. Si cela ne vous est pas possible, réduisez la superficie de sol exposé dans votre jardin, utilisez une couche de couverture biodégradable, par exemple un tapis de fibres de coco, ou (en dernier recours) demandez à votre magasin de jardinage un désherbant bio.
4. Vous ne fabriquez pas votre propre compost
Je suis toujours surprise de constater que de nombreux jardiniers ne possèdent pas leur propre pile de compost pour nourrir leur jardin. Le compostage est une façon merveilleuse de réduire votre empreinte carbone en diminuant drastiquement votre production de déchets (à peu près tous vos déchets naturels peuvent s’y retrouver) et vous permet de donner à votre jardin un supplément majeur de nutriments qui rendent inutile l’utilisation de mauvais engrais artificiels.
Malgré cela, de nombreux jardiniers trouvent toujours de bonnes excuses pour ne pas composter : pas assez de place, pas l’envie de s’occuper de la vermine qui pourrait être attirée par les aliments en décomposition, problèmes d’odeurs… aucune de ses excuses ne tient vraiment quand on les examine de plus près. Même si vous vivez dans un immeuble de plusieurs étages et que votre jardin consiste juste en quelques pots, vous pouvez quand même installer un petit bac à compost efficace, au prix de quelques recherches. La vermine et les mauvaises odeurs ne sont pas un problème si vous disposez d’un système de compostage entièrement fermé muni d’un système d’évacuation d’air de qualité !
5. Vous ne pratiquez pas le paillage
Le paillage permet de réguler les fluctuations de température et de taux d’humidité.
Alors que de nos jours les réserves d’eau potable s’amenuisent sans cesse, vous pensez peut-être que nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour réduire notre consommation d’eau quotidienne. Et pourtant, nos jardins consomment toujours une partie extrêmement importante de notre eau.
Pourquoi ? Parce que nous ne pratiquons pas le paillage ! Le paillage permet de retenir l’eau dans la terre de votre jardin, ce qui signifie que, au quotidien, il faut l’arroser beaucoup moins souvent. Le paillage permet de réguler les fluctuations de température et de taux d’humidité de votre jardin, empêche l’introduction de graines extérieures et est un fertilisant naturel à libération lente. Plutôt pas mal pour quelques feuilles mortes !
— Liivi Hess