La semaine dernière, j’étais à la caisse du supermarché en train de charger un énorme sac de patates douces violettes, oranges et dorées au convoyeur. La dame derrière la caisse a dit quelque chose comme : « qu’est-ce que vous prévoyez de faire avec toutes ces patates douces » ? J’ai répondu que je les utilise dans tous mes repas au gré de mes envies, au petit déjeuner, au déjeuner, au dîner… et même dans les desserts ! Elle a répondu : « Oh, mais vous n’aimez pas les pommes de terre ? ». J’ai expliqué qu’en général, j’évitais autant que possible les pommes de terre, du fait qu’elles appartiennent à la famille des solanacées.
L’air perplexe sur son visage m’a dit tout ce que j’avais besoin de savoir. J’ai dévié la conversation sur d’autres sujets, en faisant une remarque sur les températures plutôt chaudes pour la saison auxquelles nous avions eu droit ces derniers jours. Elle a laissé tomber le sujet et je suis partie de mon côté.
Vous voyez, la plupart des gens n’ont pas tendance à penser aux fruits et légumes comme à des « familles ». Une aubergine est une aubergine, une tomate est une tomate et une pomme de terre est une pomme de terre. C’est aussi simple que ça. Mais qu’est-ce que tous ces produits ont en commun ? Ils font tous partie de la famille des solanacées !
Et savoir de quelle famille fait partie votre produit est essentiel pour comprendre pourquoi vous pourriez souffrir d’allergies alimentaires, d’inflammation, de douleurs articulaires et de n’importe quels autres types de problèmes de santé. Certaines familles, et particulièrement les solanacées, ont acquis une mauvaise réputation au fil des années… et pas pour rien.
Que sont donc les solanacées ?
Les solanacées sont devenues un produit de base dans l’alimentation.
Avant de continuer de bavarder sur le sujet, vous vous demandez probablement ce que sont donc les solanacées. Eh bien, aussi alarmant que cela puisse paraître, les solanacées sont présentes partout. Nous avons basé une bonne partie de notre cuisine moderne dessus. Elles ont bon goût, elles font d’excellentes sauces pour les pâtes, sauces ketchup, frites et sauces salsa, donc il n’est pas surprenant de voir à quel point elles se sont ancrées dans nos habitudes alimentaires quotidiennes.
En résumé, la famille des solanacées (ou Solanaceae d’après leur nom taxonomique) comprend à la fois des variétés comestibles et non comestibles. En voici les principales :
• Pommes de terre
• Tomate
• Aubergine
• Poivron
• Paprika
• Piment
• Tamarillo
• Ashwagandha (ginseng indien)
• Physalis
• Belladone
Il y a immanquablement quelques surprises dans cette liste. Personnellement, j’ai été très étonné de voir l’ashwagandha sur cette liste, l’une des plantes adaptogènes les plus puissantes. Des milliers de gens prennent des compléments basés sur cette puissante plante en raison de sa capacité à soulager le stress et à réduire l’inflammation… en ne sachant peut-être pas qu’elle pourrait en fait provoquer leur inflammation.
Et puis il y a la belladone… oui, vous avez bien lu ! Poison populaire depuis l’époque de la Rome antique jusqu’au Moyen-Âge, la belladone était un moyen populaire de se débarrasser rapidement d’un opposant ou de quelqu’un placé entre vous et une position de pouvoir. Cette plante contient un mélange d’alcaloïdes toxiques qui montent à la tête et qui peuvent causer toutes sortes d’effets, depuis des hallucinations jusqu’à la mort. Peut-être que cela vous y fera réfléchir à deux fois à propos de ces chips de pommes de terre apparemment innocentes dans lesquelles vous êtes sur le point de croquer… après tout elles sont apparentées à une plante vénéneuse !
Voici quelques autres raisons supplémentaires pour lesquelles j’ai arrêté de manger des solanacées… et peut-être que vous le devriez aussi !
1. Il existe plus de solanacées toxiques que de solanacées comestibles
Maintenant, ce premier point pourrait juste être un type de scénario de « culpabilité par association », mais je ne peux pas ne pas m’inquiéter quand je pense qu’il y a considérablement plus de solanacées vénéneuses qu’il n’y en a de comestibles. Bien que la science donne généralement le feu vert pour les solanacées ordinaires comme les pommes de terre et les tomates, il semble que la nature n’avait peut-être pas l’intention de nous faire consommer des solanacées… juste une réflexion comme ça.
2. Les solanacées préviennent le métabolisme du calcium chez les animaux
Les solanacées peuvent interrompre le métabolisme du calcium et conduire à des douleurs articulaires.
L’une des théories expliquant pourquoi les solanacées ont de tels antécédents comme cause d’inflammation et de douleur articulaire chez les humains est le fait que bon nombre des espèces de cette famille peuvent inhiber le métabolisme sain du calcium. Les solanacées contiennent des concentrations très élevées de vitamine D3 biodisponible. C’est une vitamine essentielle pour nous. Mais, sous cette forme, elle peut provoquer un dépôt de calcium dans les tissus mous plutôt que dans les os, ce qui peut causer des douleurs dans les articulations et les tendons semblables à de l’arthrite.
Cela rend même les solanacées « comestibles » toxiques pour de nombreux animaux, mais le fait de savoir si cela peut avoir la moindre incidence sur notre propre processus de métabolisme du calcium est toujours sujet à débat. Le jury est toujours assez largué sur cette question.
3. Les solanacées peuvent exacerber les maladies auto-immunes
D’autres experts étudiant les solanacées croient que ce sont les alcaloïdes contenus dans ces fruits et légumes, plutôt que les taux élevés de vitamine D, qui peuvent contribuer à l’inflammation et aux douleurs articulaires. Certains des composés alcaloïdes les plus notables qu’on trouve dans les solanacées comprennent la solanine, la nicotine et la capsaïcine. Vous avez probablement déjà entendu parler des deux derniers. On trouve la nicotine dans les cigarettes (et en effet, le tabac fait partie de la famille des solanacées). La capsaïcine est le composé naturel qu’on trouve dans les piments qui leur donne leur piquant caractéristique.
Dans la nature, les plantes utilisent ces alcaloïdes pour se protéger contre les insectes et les champignons qui autrement n’en feraient qu’une bouchée. Mais si cela peut dissuader les insectes, nous sommes bien plus gros et donc la plupart d’entre nous ne remarquent pas ces composés protecteurs quand nous consommons des solanacées… mis à part dans le cas des piments, bien sûr !
Les soucis commencent quand on a une maladie auto-immune. Ces alcaloïdes peuvent parfois amplifier la réponse immunitaire du corps, laquelle bat déjà son plein à cause d’une maladie auto-immune comme la polyarthrite rhumatoïde ou la maladie de Crohn. Maintenant, « amplifier la réponse immunitaire du corps » pourrait sembler être une bonne chose, mais pour ces gens ça ne l’est certainement pas. Dans leur cas, leur système immunitaire attaque leurs propres cellules, provoquant toutes sortes de douleurs, d’inflammations et de dommages aux organes. On pense que quand ces personnes consomment des solanacées, certains de ces alcaloïdes peuvent empirer les choses.
4. Les solanacées peuvent irriter vos intestins
Les solanacées, comme les pommes de terre et les tomates, peuvent irriter la paroi intestinale.
En raison de notre alimentation, beaucoup d’Occidentaux souffrent d’irritation ou de perméabilité intestinale… ils ne le savent juste pas encore. En fait, le syndrome de l’intestin perméable est exactement la raison pour laquelle une bonne partie de la population souffre de maladies auto-immunes. Avec l’accroissement de la perméabilité intestinale, les protéines des aliments peuvent entrer dans notre circulation sanguine et déclencher une réaction auto-immune.
Comme vous le savez, les solanacées contiennent des alcaloïdes. Ils contiennent également des composés appelés lectines, et ces deux éléments peuvent saper la santé et la force de vos intestins en irritant la paroi intestinale. Cela pourrait être une des raisons les plus décisives pour lesquelles certaines personnes peuvent ressentir des douleurs ou des inflammations après avoir mangé des produits à base de pommes de terre ou de tomates alors que les autres gens vont parfaitement bien.
5. Il reste encore tellement à apprendre au sujet des solanacées
Le jury soit toujours aussi largué sur la question de savoir si les solanacées comestibles sont en fait toxiques ou pas pour les humains… Je souffre d’inflammation au niveau des genoux, des épaules, des mains et du bas du dos, et je ne suis pas pressé d’empirer les choses en cédant et en mangeant quelques délicieuses frites salées trempées dans du ketchup.
En attendant que la science puisse conclure sans l’ombre d’un doute que les solanacées ne conduisent pas à l’inflammation, je continuerai à acheter des piles de patates douces au supermarché et de risquer quelques conversations gênantes avec la caissière.
— Liivi Hess