Le véganisme a gagné beaucoup d’attention et s’est attiré une large popularité ces six dernières années. Des vedettes comme Alicia Silverstone, par exemple, ont attiré l’attention sur les avantages pour la santé d’une alimentation basée sur les plantes.
En outre, le développement croissant d’une conscience éthique concernant le traitement humain des animaux et les problèmes écologiques face aux effets pernicieux de l’agriculture industrielle a contribué à stimuler l’intérêt pour un mode de vie évitant tous produits d’origine animale.
Malheureusement, le véganisme s’est attiré une notoriété pour une autre raison. Dernièrement, un certain nombre d’incidents à grand retentissement impliquant des enfants suivant un régime vegan souffrant de malnutrition ont fait la une des journaux.
Par exemple, un bébé italien a récemment été retiré de la garde de ses parents après avoir été hospitalisé pour cause de grave malnutrition. Selon les rapports de la presse locale, le bébé de 14 mois pesait le même poids qu’un enfant de trois mois. En plus, l’enfant souffrait d’une maladie cardiaque congénitale aggravée par une grave déficience en calcium provoquée par le régime vegan.
Des cas semblables ont fait surface à travers le globe. En 2007, un couple aux États-Unis a été condamné à la prison à vie après que leur bébé de 6 semaines soit mort de faim après avoir reçu une alimentation composée principalement de lait de soja et de jus de pomme. Des épisodes comme ceux-ci ont donné lieu à un éditorial du New York Times intitulé “Mort par Véganisme” qui a jeté une lumière crue sur le fait de savoir s’il était sage de nourrir les enfants avec une alimentation végane. L’article a également déclenché une forte réaction parmi les avocats du véganisme.
Les cas de malnutrition due au véganisme sont l’exception plutôt que la règle. En fait, la majorité des nutritionnistes semblent s’accorder (avec quelques mises en garde tout de même) pour dire qu’une alimentation végane bien planifiée peut être bonne pour la santé, au moins pour les adultes. Mais en ce qui concerne les enfants et les nourrissons ?
Pour commencer, il y a des bénéfices pour la santé pour les adultes qui suivent un régime vegan. Consommer des aliments ne contenant ni viande ni produits laitiers signifie inévitablement consommer moins de graisses saturées, ce qui est lié à des taux plus faibles de cholestérol, de maladies cardiaques et de cancers. De plus, les végans ont tendance à avoir un Indice de Masse Corporelle (IMC) plus sain qu’une personne lambda, ce qui est associé à un risque plus faible de développer des maladies métaboliques comme le diabète.
Cependant, un régime vegan comprend moins de micronutriments, ce qui fait que ceux qui le mettent en pratique ont un risque accru de souffrir de malnutrition. C’est parce qu’il est difficile d’obtenir bon nombre de choses dont nous avons besoin (en particulier les vitamines B, la vitamine D, le calcium, le fer et les acides gras oméga-3) uniquement à partir de sources végétales.
Par conséquent, il est particulièrement important pour les végans de sélectionner et d’équilibrer attentivement les sources alimentaires végétales pour obtenir tous les nutriments dont ils ont besoin. Autrement, ils auront besoin de prendre des compléments nutritionnels pour compenser toute déficience.
Éviter tous les produits d’origine animale fait qu’il est plus difficile (mais pas impossible) pour les végans d’absorber assez de protéines d’acides aminés. Une diététicienne agréée, Katherine Tallmadge, dit qu’une alimentation végane pour les enfants est « faisable, mais les parents doivent être très bien renseignés car les besoins nutritifs d’un enfant sont très importants ».
Melinda Johnson, une experte en nutrition qui enseigne à l’Arizona State University, avertit que tous les végans doivent se soucier d’absorber assez de protéines. Les fruits à coque, le lait de soja enrichi en calcium et les haricots peuvent servir de sources végétales de protéines, mais comme le fait remarquer Johnson : « si les nutriments [d’origine animale] ne sont pas remplacés, alors il peut être assez dangereux pour un enfant de devenir vegan ».
Malgré les défis significatifs, l’Academy of Nutrition and Dietetic conclut qu’une « alimentation végane bien planifiée » peut répondre aux besoins nutritifs et sanitaires des nourrissons et des enfants. Toutefois, il y a cinq raisons pour lesquelles les avantages d’un régime vegan pour les enfants ne valent pas les risques encourus:
- Les êtres humains sont naturellement omnivores, pas herbivores. Nos corps ont évolué pour digérer et tirer spécifiquement parti des protéines animales. Comme le fait remarquer l’écrivain culinaire Nina Planck : « Nous avons extraordinairement besoin de nutriments qu’on ne trouve pas dans les plantes ».
- Le lait de soja (que les végans substituent habituellement au lait de vache) n’est en aucun cas idéal pour les nouveaux-nés. Primo, c’est une source pauvre en calcium et en nombreux autres nutriments nécessaires aux enfants en pleine croissance. Secundo, il a été prouvé qu’un excès de soja peut saper la thyroïde, qui est vitale pour la croissance et pour avoir un système immunitaire en pleine santé.
- Des études montrent que 80% des végans manquent de vitamine B12, qui est importante pour le développement mental des enfants.
- Les enfants en pleine croissance ont besoin d’énormes quantités d’acides gras oméga-3, mais les sources végétales sont largement inférieures comparées à la viande, au poisson et aux produits laitiers.
- Des recherches démontrent que les bébés ont besoin d’une graisse essentielle appelée DHA, mais qu’on trouvait ce nutriment en quantités plus pauvres dans le lait maternel des mères véganes.
En résumé, choisir une alimentation et un mode de vie vegan peut marcher pour les adultes, mais cela implique des risques et des défis significatifs par rapport aux enfants. Pour beaucoup, le véganisme est une façon de vivre et une identité. Toutefois, comme l’observe la chroniqueuse bien-être Tara Parker-Pope, c’est un engagement « qui se heurte à des défis physiques, sociaux et économiques ». Les adultes sont capables de jongler avec les responsabilités et les compromis du véganisme. Cependant, imposer un régime vegan aux enfants semble être en conflit avec les meilleurs conseils scientifiques et nutritionnels disponibles.
— Scott O’Reilly